Bali est un lieu touristique qui n'a pas perdu son âme. A Kuta, le nerf de la fête, de la Bintang Beer, et de l'Australien déchaîné, on peut apercevoir tous les matins les Balinaises faire des offrandes aux dieux. Elles sortent de la maison ou du commerce et déposent après une courte prière l'offrande, celle-ci sera destinée à éloigner les esprits malins, c'est le don qui dissuadera les mauvais dieux d'entrer. Des fleurs d'ibis, de l'encens, des biscuits, des bonbons, et parfois même une cigarette (!) soigneusement disposés dans une coupe en feuille de bananier tressée. La même offrande reposera à l'intérieur de la maison, celle-ci pour attirer les esprits bienfaisants.
La culture religieuse ici n'a pas perdu du terrain face au tourisme de masse, elle demeure ancrée dans les gestes du quotidien, dans la façon de penser et dans les coutumes.
Nous parlons d'une religion qui a les mêmes racines que l'hindouisme indien mais qui est différente. Parmi les dieux, la trinité principale se retrouve, mais les épopées divines ne correspondent pas à celles que j'ai appris à reconnaître en Inde, les (innombrables) dieux secondaires ont peu de points communs… Bref, la religion hindoue a plusieurs visages. Tout comme le christianisme d'ailleurs, un monde sépare notre société judéo-chrétienne de celle des chrétiens animistes de Lombok qui sacrifient des bœufs pour chaque enterrement depuis que les sacrifices de jeunes gens ne se pratiquent plus (enfin, il parait que ça ne se pratique plus, mais il y a des communautés plutôt isolées, dans la jungle…).
Mais retournons à Bali donc, où les défunts ne sont pas enterrés mais incinérés. Je n'ai pas cherché à voir des crémations, rappelez-vous, le spectacle avait déjà comblé mes sens (hum hum!) à Varanasi en Inde. Pendant mon séjour à Bali, en plein Jeux Olympiques, les gros titres de la presse locale portaient davantage sur la crémation royale qui avaient lieu à Ubud. Un membre de la famille royale s'est fait incinérer à Ubud, le centre sacré de Bali, et, si je n'ai pas pu assister à la procession, je peux vous montrer quelques impressionnantes photos prises par une amie (merci Lola!) qui donne une idée de l'ampleur de la cérémonie…
La procession dans les rues d'Ubud, devant le Palais Royal.
Pour revenir aux Balinais, c'est un peuple confiant dans la justice des réincarnations, et pour cela, il n'y a pas d'escrocs, pas de voleurs, pas de criminels. Pas ou très peu. En général, les voleurs, mendiants et autres filous qui ont senti l'argent du tourisme sont des musulmans de Java ou de Borneo. Je précise que la dureté de la loi indonésienne, bien terrestre celle-là, suffirait à dissuader! Peines de mort pour les trafiquants de drogue, amendes incroyablement lourdes pour des actes de vol ou de petite criminalité… Et on ne déconne pas avec une police corrompue. Ou plutôt si, il faut déconner! Réussir à faire rire le policier en cas de problème peut sauver une situation inconfortable, on me l'avait dit et répété, et j'ai dû en faire un cas pratique au début de mon séjour, pour voir si c'était vrai. Ça a marché. J'avais grillé un beau stop en scooter (le carrefour était désert bien sûr) : j'ai évité une amende d'un million de roupies (80€) d'amende en faisant rire le policier! Heureusement aussi que j'avais permis international, casques (pour moi et mon pote à l'arrière), et un peu de tchatche héritée de quelques mois en Inde. Je lui ai donné 6000 roupies (50 cents) et roulez jeunesse. Good for you, good for me, boss!
Les surfeurs indos sont rarement originaires de Bali. Les esprits malins résidant dans la mer (les esprits bienfaisants habitent la montagne), les Balinais ne sont enclins originellement ni à la pêche, ni aux joies de la baignade… Parmi la jeune génération de surfeurs indonésiens, peu sont donc Balinais, même si la peur de l'eau n'a plus vraiment cours parmi les jeunes. Les jeunes qui surfent s'habillent à l'occidentale, écoutent du rap, du rock, bon, ils ne mangent pas chez McDonald's parce que un, c'est cher, deux, c'est pas bon. Ces surfeurs in the vibe, ils sont beaux, talentueux, désirés par toutes les jeunes filles en quête d'exotisme… et c'est la marche du monde: ils se font ensuite entretenir par la demoiselle qui est américaine, japonaise, ou française bien sûr!
En général, je me retiens de juger, surtout quand on est dans l'affectif. Mais j'ai vu de ces pigeon(ne)s quand même…
Pour finir sur une note agréable et qui sent bon le cliché, je célébrerais la magnifique propension de tous ces gens à sourire… On dirait que tout le monde est tout le temps de bonne humeur, en exagérant un peu. C'est juste fascinant, il faut le vivre pour le croire.
Post à venir: mes petits bobos à Bali?