18 mars 2008

Dairy Farmer








Par où commencer?

Je vais vous parler de ma vie de cow-boy à Yanakie. Parce que même si c'est l'exacte traduction, "garçon vacher" c'est moins la classe.

Je travaille depuis déjà 3 semaines dans une dairy farm, une ferme laitière. Et d'une taille honorable puisque nous parlons de 800 vaches qui s'épanouissent dans quelques 350 hectares.

Il y a deux traites par jour qui durent 3h chacune, au choix: je mets les caps sur les pis, je les enlève ou je pousse les vaches afin qu'elles rentrent dans la station de traite à renfort de grands cris variés, d'applaudissements, et de joyeuses tapes sur le dos des mémères.

Vous avez deviné ce que je préfère.

Outre le milking, comme on dit ici, mon principal job est de nourrir les petits veaux! Le premier jour, Phil m'a dit :

-"Do you like animals?"

J'ai dit oui mais j'ai pensé :"Enfin, surtout avec une bonne sauce".

-"You'll be a real nurse for the calves!"
Il n'a pas menti. Une nourrice pour les veaux, c'est exactement ce que je suis devenu.
Ca se passe comme ça : le veau est né, Maman vient de lécher son petit en entier pour refaire le plein de protéines, nous arrivons avec la jeep 4x4 et le quad et nous prenons sans pitié les petits (plusieurs par jour), nous soignons les vaches qui ont besoin de l'être à l'aide de seringues qui feraient palir même un diabétique, et nous ramenons les vaches qui n'ont pas vraiment envie de l'être et c'est là que commence ta vie de cow-boy. Quand le bétail n'est pas coopérant et qu'il faut savoir assez bien manier la monture (le quad en l'occurence) pour faire prendre la bonne direction à une vache affolée. Ca m'a tellement surpris au début, voir Andrew se démener sur son quad dans un nuage de poussière, la vache qui se rebiffe, et affronte l'homme dans une totale attitude de défiance. Non, je peux vous le dire, la vache n'est pas tout le temps un animal placide.
Alors nous y voilà, de retour du paturage, nous mettons les veaux dans les enclos couverts et là, on se retrousse les manches du bleu de travail et le vrai boulot commence: apprendre le veau à téter! Nous avons plusieurs instruments à disposition: le biberon bien sûr (1,5l pas moins), le bac bleu à 12 tétines (voir photo), ou alors le tube en cas d'extrême réticence (du veau) ou d'ultime perte de patience (de nous). C'est comme un biberon, mais à la place de la tétine, il y a un petit tube à enfoncer dans la gorge du vilain petit veau, qui va jusque dans son estomac et le remplit. A ce moment-là, la formule d'usage est: "Eh ben la prochaine fois mon pote, tu têteras!"

Après cet apprentissage, les veaux sont normalement en mesure de venir boire d'eux-mêmes à un feeder, une machine avec une tétine qui reconnait le veau et lui donne une ration adaptée en fonction de son âge. On m'a appris à m'en servir, maintenant je suis un peu le responsable informatique de ces machines!

Ce traitement informatique de luxe qui nous épargne, en théorie, bien du travail (car TOUS les veaux ne vont pas automatiquement se nourrir au feeder, ce serait trop beau) n'est réservée qu'aux femelles, les taureaux étant vendus dans la semaine. Mais en une semaine, il peut y avoir beaucoup de bulls. Jeudi dernier, ce sont quelques 80 taurillons que nous avons eu la joie de voir partir (dans des élevages de taureaux ou ...à l'abattoir). Ouf! Plus à les nourrir "manuellement"!

Je voulais dire aussi que cette ambiance de ferme, je la connais. Des souvenirs d'enfance de l'étable de Boyer, j'en ai retrouvé par dizaines... Mes oncles et cousins sont toujours dans ce sain environnement fermier, et je peux dire que je comprends mieux leur travail maintenant. L'ensillage, le foin, les tracteurs, les pauses café chez Mamie, ça me vient à l'esprit tellement souvent. J'ai redécouvert ce monde, ce monde "vrai", où l'on comprend les choses, où l'on fait, où l'on apprend à faire son boulot sans demander son reste. J'aime vraiment ça.

Les horaires sont souples, comme on dit, je peux faire de 10h30 à 12h30 de boulot par jour. Je viens de boucler une semaine de 8 jours non-stop: 90h. Pas mal hein? Presque 3 fois 35h!
J'avais deux jours off, je suis venu à Melbourne, ça fait du bien de renouer contact avec la civilisation! Aller au cinéma, faire un coucou à Alexia, dormir sur son canap, se balader en ville, voir d'autres êtres humains! En revanche, la chaleur monte depuis queques jours, et en ville on est arrivés à 43°C hier. C'est chaud, je vous le dis, surtout sans vent.

Prochain post: les days off à Phillip Island et au Wilson Prom.









5 commentaires:

Kokori a dit…

Awesome!!! Finalement on se retrouve à faire la même chose à plusieurs milliers de km!! :) J'ai fait un stage dans une exploitation laitière dans le Morvan y'a qqs mois et j'y retourne 2 semaines en avril. Par contre je n'ai "que" 70 vaches à traire... ça change des 800 de ton coté! Le domaine doit être immense !! Continue à bien t'occuper des p'tis veaux (trop attendrissant quand ils n'essayent pas de te rouler dans la farine!!)
Biz

norman clouzeau a dit…

W.A.H.O.O, respect ;)

Pierre le frérot a dit…

Génial tes photos et ça fait taire les mauvaises langues qui critiquent le manque de photos de ces derniers posts.

Les veaux sont choux, c'est toi qui les emmènent à l'abattoir aussi? hinhin (rire sadique)

Profite bien des immensités australiennes et ramène tes fesses dans mon monde "overcrowed" histoire de poser les pieds sur terre mon frère!! hahaha
Je t'embrasse.

Ton blog est top, j'espère un jour y voir des photos indiennes. Je suis resté Facebook pour ceux que ça intéresse niveau photos

Belette a dit…

c'est dingue comme je t'aime

Vincent a dit…

merci!
ca fait chaud, restez en place, vous etes la ou je vous attends :)